mardi 1 avril 2008

Slimane Azem : Biographie





Dda Slimane est venu au monde un 19 septembre 1918 à Agouni Gueghrane au pied du Djurdjura à quelques 35 kilomètres au sud de Tizi Ouzou. Il est le deuxième enfant d’une famille modeste et nombreuse qui n'en compte pas moins de six, dont cinq frères ( Ouali, Mohamed, Ali, Boudjma et Mokrane ( décédé)) et deux sœurs jumelles ( Ouardia et Hadjila ).Son père, modeste cultivateur, est né à Agouni Gueghrane en 1881; il part en France en 1962 où il trouvera la mort une année après.
Sa mère, Yamina L’Hadj ( BEDDEK Yamina ), qui avait une âme de poète, composait et récitait ses poèmes en s’adonnant au travail de la laine et la confection de tapis kabyle, s’exile au même titre que toute la famille. Elle revient pour la dernière fois en Algérie en 1982 et décédera deux ans plus tard, soit neuf mois après son fils Slimane.
A l’âge de six ans, le petit Slimane entre à l’école primaire du village; et, là, la seule chose qui l’intéressait se sont les fables de la Fontaine « cela répondait le mieux à mon amour des animaux que je faisais parler dans mes rêveries d’enfant. » Confia-t-il en 1970 à A. Hachelaf dans « Jeune Afrique. » Aussi était-il toujours volontaire pour aller garder les bêtes les jeudis et dimanches. Au cours de ses escapades bucoliques, il constitua, avec les autres petits bergers, un groupe d’orchestre en compagnie du quel il jouait, à la flûte et aux tambours, des airs du pays sur les poèmes de SI MHEND U MHEND.
En 1929, il n’avait que 11 ans quand il quitte définitivement les bancs de l’école. Bien qu’encore jeune il lui faut aller gagner sa vie à la sueur de son front.A Staouali, il se fait engager par un colon où il fut employé à toutes sortes de travaux agricoles au même titre que les autres ouvriers adultes :
Harassé par l’ingrat et pénible travail colonial, poussé par la misère, il décide de tenter sa chance en France. Le jeune montagnard de 19 ans arrive dès janvier 1937 dans l’Hexagone et s’établit d’abords à LONGWY, dans le Nord-Est, où, pendant deux ans, il travaille comme manœuvre dans une aciérie et milite au sein du P.P.A au coté de ses compatriotes avant d’être mobilisé pour la seconde guerre mondiale.
Après sa réforme en 1940 il monte s’installer à Paris où il vit de son nouveau travail d’aide électricien au métro.
En 1942 il est arrêté déporté par l’armée allemande en Rhenanie pour passer trois ans dans un camp de travail avant d’être libéré en 1945 par les troupes américaines. De retour à paris, il prend une gérance un café dans le XVem arrondissement. Là, accompagné par un groupe d’orchestre amateur, qu’il a lui-même constitué, il se produisait les samedis et dimanches dans des cafés et des soirées donnant à ses compatriotes exilés un peu de l’ambiance de la Kabylie.
C’est à cette époque qu’il rencontre Mohamed El Kamel qui l’oriente et l’encourage pour «sortir des sentiers battus où s’enlisait déjà la chanson algérienne. C’est à son contact que j’ai appris qu’une chanson n’est pas un simple poème, qu’il fallait d’abord trouver un sujet original et le développer ensuite dans des couplets sans se laisser mener par la rime »
Sa première chanson A MUH A MUH et ses premiers enregistrements chez Pathé Marconi rencontrèrent un grand succès auprès du public.
Militant du P.P.A et imprégné par les idées nationalistes, il participe à différents meetings et manifestations à travers la Kabylie et en France. Ces idées nationalistes et anticolonialistes se retrouvent dans ses chansons comme : « FFEGH A YAJRAD TAMURT-IW » et « IDEHRED WAGGUR » dont le caractère patriotique est indéniable; ce qui lui a valu, d’ailleurs, des démêlés avec la police française qui l’a assigné à résidence surveillée à Marseille après avoir interdit la diffusion de ces chansons.
Slimane Azem quitte définitivement l’Algérie en 1959 pour ne plus y retourner. Et depuis le destin semble s’acharner à contrarier son désir insatiable de revoir sa terre natale. Il a poussé son entêtement jusqu’à lui refuser même le vœu, ô combien légitime, de reposer parmi les siens, dans cette terre qui l’a enfanté et qu’il a portée dans son cœur sa vie durant. A partir de 1963 il s’établit à Moissac où il partage sa vie entre la chanson et la vie rurale; six mois de l’année pendant lesquelles il sillonne la France en tournées renouant ainsi les contacts avec ces compatriotes, et les autres six mois passés dans sa petite ferme du midi à prendre soin de ses figuiers, oliviers et autres poiriersEn 1966, il participe avec un groupe de militants berbérophones à la création, à paris, de l’association berbère d’échanges et recherches culturels qui sera l’ombrions de la future Académie AGRAW IMAZIGHEN .
Juillet 1967, la guerre des six jours éclate et une liste de chanteurs qui ont publiquement exprimé leur solidarité avec l’état d’Israël est transmise à la R.T.A (radio et télévision algérienne) et le nom de Slimane Azem y est ajouté au stylo. Il est alors banni des ondes des radios algériennes. Ce fut la conspiration du silence contre Dda Slimane, ainsi on ne sait ni par qui ni pourquoi il à été frappé d’interdiction. Sa popularité ne cesse, cependant d’augmenter et lui de jouir de plus en plus d’une audience très large. C’est ainsi que le 29 juin 1970,il reçoit des mains de M. Minichin PDG des IME Pathé Marconi, le disque d’or pou avoir vendu plus d’un million de disques .
En 1975, Slimane azem se lance dans le théâtre, des sketchs d’une thématique variée voient le jour avec notamment la participation de Chikh Nourdine ( la carte de résidence, Lala Margaza, Madame encore à boire etc ...)
Le 30 et 31 janvier 1982, il monte sur la scène de l’Olympia pour donner deux concerts d’adieux. Une année plus tard, le 28 janvier 1983, à l’âge de 65 ans, Dda Slimane s’éteint à Moissac sa ville adoptive où il est enterré dans le cimetière de La Rocade loin de cette terre qui l’a vu naître et grandir et qu’il a toujours portée dans son cœur meurtri par l’exil.



L'ALGERIE, MON BEAU PAYS
Je me rappelle cette nuit d'orage


Entouré de mon père et de ma mère


En exil dès mon jeune âge


J'ai préparé mes affaires


Pour mon premier voyage


M'exiler au-dela des mers
Je revois d'ici mon village


Et tous ceux qui me sont très chers


Pour moi ce paysage


Est le préféré de la Terre
L'Algérie, mon beau pays


Je t'aimerais jusqu'à la mort


Loin de toi, moi je veillis


Rien empêche que je t'adore


Avec tes sites ensoleillés


Tes montagnes et tes décors


Jamais je ne t'oublieraisQuelque soit mon triste sort
Seul, je me parle à moi-même


J'ai failli à mon devoir


J'ai mené une vie de bohème


Et vécu dans le cauchemar


Quand je chante ce poème


Je retrouve tout mon éspoir
L'Algérie, mon beau pays...


© Slimane Azem






1 commentaire:

Anonyme a dit…

Slimane Azem n'a pas quitté définitivement l'Algérie en 1959 mais en 1962. De plus, à partir du moment où son père avait été enterré en France, il voulait lui aussi l'être. Comment regretter que ce grand chanteur ne soit pas enterrer dans sa terre alors que ses parents sont ensevellis en France